• Coopération : 2 paradigmes

    2 paradigmes


    Si l'on met en relation la durée et le degré d'intégration des divers types d'accords interentreprises, la bissectrice (schéma 1) est l'axe fédérateur des formes de coopération traditionnelles, depuis l'accord ponctuel jusqu'à la fusion en passant par toutes alliances verticales ou horizontales : durée et degré d'intégration sont directement corrélés.

    schéma 1 : diagonale

    L'expérience montre que dans l'analyse d'une situation, dans la construction d'une démarche stratégique ou dans l'élaboration d'une tactique de négociation, nos réflexes mentaux restent implicitement calés sur ces références. Désormais pourtant, nombre de partenariats ont au contraire (schéma 2) des positions éloignées de cette bissectrice - forte intégration sur courte durée (type grand chantier) ou l'inverse (type contrat-cadre d'approvisionnement, avec toutes formes intermédiaires de relations partenariales) : durée et intégration sont alors inversement corrélées.

    Schéma 2 - 2 lignes de fuite

    Il y a donc autant de points communs entre les deux schémas qu'entre une force centrifuge et une force centripète. La distinction n'est pas anodine, car la co-traitance ne relève pas des mêmes ressorts que la sous-traitance, "l'entreprise étendue" est aux antipodes de l'intégration verticale et, plus généralement, un projet ou une relation partenariale ne se pense, ne se construit, ne se négocie ni ne se conduit comme une relation contractuelle.

    En d'autres termes, le sens de la flèche du schéma 1 désigne des accords de plus en plus "intégrés" au sens formel, juridique et institutionnel... dans les faits de plus en plus inaccessibles... malgré un besoin croissant de renforcer les partenariats : plus il faut coopérer, plus c'est difficile. La contradiction n'est qu'apparente si l'on admet qu'un lien peut être fort et durable bien que non formalisé dans un "contrat de mariage" tel qu'on le concevait autrefois. Car ce qui fait sa solidité tient moins à une obligation juridique (révocable) qu'à une intention (ce que nous voulons produire ensemble) et un état d'esprit, sorte de "vouloir-vivre collectif".

    Dans le cas de l'Europe, les choses sont encore plus complexes. Certes ces tendances "divergentes" sont incontestables (tous les Schengen, Eurogroupe, coopérations renforcées et autres géométries variables), mais elles ont souvent été des détours nécessaires avant un recentrage : au bout de quelque temps, on adapte les textes pour intégrer ces apports dans l'acquis communautaire - donc retour au point haut de la bissectrice du schéma 1. Il est peu probable qu'un tel "recentrage" tende à s'appliquer aux accords d'entreprises. Pour l'Europe, la question se pose peut-être aussi, particulièrement avec le retour en force de l'approche intergouvernementale, au détriment de l'approche communautaire, depuis les années 1980. Est-ce le sens de l'histoire ? Si tel est le cas - et même si tel n'est pas le cas - il est temps de changer certains paradigmes.

    Un peu plus > Processus coopératifs : l'Europe défricheuse

    Voir aussi (sur www.algoric.com) >> Europe & coopération interentreprises
    (dossier JPQ / HEC Executive education) 

      

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